Esther Cyna, doctorante en civilisation américaine à l’Université Sorbonne-Nouvelle de Paris 3 a publié récemment une tribune dans Libération indiquant que “l’utilisation du mot «pillage» pour désigner les dommages matériels engendrés en marge des manifestations américaines renforce des stéréotypes racistes et décrédibilise un mouvement légitime.”
Écrit en écriture inclusive cette tribune qualifie de “malsain” et “révélateur d’une incompréhension profonde des injustices auxquelles sont confronté·e·s les personnes noires aux Etats-Unis depuis 1619”, l’emploi du terme pillage pour désigner les exactions commises aux États-Unis depuis la mort de Georges Floyd lors d’un contrôle de police.
Cette ancienne élève de l’ENS Lyon ajoute :
“Parler de pillage pour les vitrines brisées de magasins, emblèmes d’un capitalisme raciste, est loin d’être anodin. Le terme situe la violence à l’échelle d’un individu, décrédibilise un mouvement légitime, et renforce des stéréotypes racistes”.
“Les villes américaines sont construites sur le pillage de richesses. Tout au long du XXe siècle, les personnes noires se sont vu refuser l’accès aux taux avantageux des prêts immobiliers réservés aux personnes blanches. Des cartes de toutes les villes américaines montrent comment les agents immobiliers, financés par l’État fédéral, ont exclu les personnes issues de quartiers connus comme étant peuplé par des populations noires de leurs prêts, en indexant les taux des prêts à la race identifiée de leur clientèle. Ce processus de discrimination bancaire, connu sous le nom de « tracé de ligne rouge» en référence aux cartes utilisées, est un exemple parmi des centaines de pillage promu par l’Etat fédéral étatsunien, dont les conséquences financières furent dévastatrices”.